Tintin et les Oranges bleues

Fiche technique
Nom originalTintin et les Oranges bleues
OrigineFrance, Espagne
Année de production1964
ProductionAlliance de Production Cinématographique, Procusa
Durée96 min
AuteurAndré Barret
Auteur BDHergé
RéalisationPhilippe Condroyer
ProductionAndré Barret, Robert Laffont
ScénariiAndré Barret, Philippe Condroyer, Remo Forlani, René Goscinny
DécorsPierre-Louis Thévenet
MontageMadeleine Bibollet
Direction photographieJean Badal
MaquillageCharly Koubesserian
MusiquesAntoine Duhamel
Diffusions
Arrivée en France (cinéma)18 décembre 1964
1ère diffusion hertzienne13 mai 1999 (Canal+ - Cinéma de Quartier)
1ère diff. Cable/Sat/TNT18 avril 2002 (Canal J)
Rediffusions25 décembre 2003 (France 3)
5 mai 2005 (Teva)
26 octobre 2010 (Gulli)
1er novembre 2011 (NT1)
27 février 2014 (6ter)
Editions
Sortie en VHS1992 (Gaumont)
Sortie en DVD29 mai 2001 (Sony)
15 novembre 2003 (LCJ)
Sortie en Blu-Ray Disc20 juillet 2008 (LCJ)
Sortie en DVD / Blu-ray17 octobre 2018 (LCJ avec Tintin et le Mystère de la Toison d'Or)
17 janvier 2024 (LCJ avec Tintin et le Mystère de la Toison d'Or)
Synopsis

Durant une interview télévisée, le professeur Tournesol lance un appel à la communauté scientifique pour résoudre le problème de la faim dans le monde. À la suite de cet appel, il reçoit une orange bleue phosphorescente de la part de son confrère espagnol Anténor Zalaméa. La nuit même, l’orange est volée. Tintin, Milou et le capitaine Haddock partent aussitôt avec le professeur pour Valence, à l’hacienda Bello Horizonte où réside Zalaméa. Alors même que ce dernier est introuvable, Tournesol est à son tour enlevé…
Malgré l’interdiction de la police, Tintin, Milou et Haddock parviennent à quitter l’hacienda et se lancent dans leur propre enquête pour retrouver leur ami. Pendant ce temps, Tournesol et Zalaméa sont tenus prisonniers dans une église abandonnée et forcés de travailler sur les fameuses oranges bleues pour le compte d’un trust étranger.

Commentaires

Créé par Hergé en 1929, Tintin s’impose rapidement en icône de la bande dessinée franco-belge et connaît toutes sortes de déclinaisons après la Seconde Guerre mondiale. Entre adaptations théâtrales, radiophoniques, séries animées plus ou moins respectueuse des albums et longs-métrages en stop motion ou en dessin animé, le reporter à la houppette est alors fermement ancré dans le paysage culturel, nourrissant perpétuellement chez les fans le fantasme de le voir sortir des planches de bande dessinée.
Mais pour Hergé qui dit avoir toujours perçu ses personnages comme des êtres humains et non comme des êtres de dessin, le véritable accomplissement de Tintin à l’écran serait dans le cinéma en prises de vues directes. C’est ainsi qu’est réalisé en 1961 Tintin et le Mystère de la Toison d’Or, avec le jeune Jean-Pierre Talbot dans le rôle-titre. Les critiques sont partagés mais le succès commercial est là et l’initiateur du projet, le producteur André Barret, entend bien faire une suite.

Le scénario est une fois de plus un récit inédit, avec quelques éléments narratifs inspirés des albums, toujours sous la plume d’André Barret et de Remo Forlani mais cette fois-ci avec le concours de René Goscinny qui ajoutera quelques gags (bien qu’aucune de ses idées ne figurera dans le script final). L’action se déroulant essentiellement en Espagne, une coproduction est aussitôt mise en place. Le projet est confié à Philippe Condroyer, un réalisateur issu des arts déco ayant œuvré dans le dessin animé et les décors de cinéma, tandis que le casting est entièrement renouvelé. Seul Jean-Pierre Talbot est maintenu dans le rôle de Tintin, ainsi que Max Elloy dans celui de Nestor. Jean Bouise succède à Georges Wilson pour incarner le capitaine Haddock ; le professeur Tournesol est joué par Félix Fernandez, second rôle du cinéma espagnol très populaire durant les années 1950-60. Les Dupondt de leur côté sont joués par deux cousins : Franky François, artiste de music-hall et André Marié, catcheur professionnel devenu cascadeur.
Le tournage se déroule durant l’été 1964 à Simat de la Valldigna dans la communauté de Valence, les scènes à Moulinsart ont lieu au château d’Ecquevilly et les studios de Boulogne-Billancourt serviront pour quelques décors en intérieur – dont la loge de la Castafiore. Malgré une logistique moins lourde que sur Tintin et le Mystère de la Toison d’Or qui faisait voyager l’équipe entre la France, la Grèce et la Turquie, le rythme de travail est toutefois plus soutenu, la principale raison étant que Jean-Pierre Talbot est devenu entretemps instituteur à Remouchamps, dans la province de Liège. L’interprète de Tintin a dû demander un congé spécial pour participer au film et ne peut tourner que sur une période réduite pour pouvoir préparer sa rentrée en septembre.

Comme pour le film précédent, Tintin et les Oranges bleues sort pour les fêtes de Noël mais les retours seront bien plus mitigés, avec seulement 1,7 millions d’entrées et les produits dérivés se limiteront à une novélisation chez Casterman. Outre le succès écrasant du film Fantômas avec Jean Marais et Louis de Funès, le second opus cinématographique de Tintin souffre d’une construction dramatique plus linéaire, se réduisant à partir de son deuxième tiers à une longue course-poursuite dans les rues valenciennes. Plus encore, il révèle de façon flagrante la limite de l’exercice de transposition d’une bande dessinée à l’écran : l’introduction de certaines scènes à base de freeze frames assortis d’un récitatif de type « Quelques jours plus tard » ou « Pendant ce temps » est plus artificiel qu’autre chose et du fait de son parcours professionnel, Philippe Condroyer opte pour une approche très graphique, avec une lumière marquée pour faire bien ressortir les couleurs et donner le sentiment d’une véritable bande dessinée prenant vie. Le ton est globalement plus léger et burlesque, avec davantage de gags auxquels s’ajoutent des effets d’accélération ; cette outrance se retrouve également dans le jeu de certains acteurs, à commencer par Jean Bouise qui campe un capitaine Haddock fantasque et lunaire, ainsi que par la musique d’Antoine Duhamel dont le thème principal, joué à la fanfare, est parfois asséné de manière agressive. La fameuse houppette de Tintin, savamment entretenue durant le film précédent, devient une perruque car la mèche refusait de tenir sur le tournage malgré les multiples recours à la laque et au fer à friser. Comble de l’ironie, l’affiche même du film, signée Hergé, se présente comme un véritable prolongement des albums en évacuant totalement la nature de prises de vues directes de l’œuvre. Cet effet de décalage permanent donne au film un côté instable là où L’Homme de Rio de Philippe de Broca, autre succès de l’année 1964, a su digérer l’héritage narratif d’Hergé pour embrasser pleinement le cinéma (de Broca ayant fait ce film après s’être retiré du tournage de Tintin et le Mystère de la Toison d’Or).
Cet accueil plus tiède ne décourage nullement André Barret qui espère mettre en chantier pour 1967 un troisième opus de Tintin avec une histoire se déroulant aux Indes. Mais entre les financeurs quelque peu refroidis par les résultats du film de Condroyer, les hésitations d’Hergé et le fait que Jean-Pierre Talbot commencerait à faire trop âgé pour jouer Tintin (même si ce dernier était partant), les aventures en prises de vues directes du célèbre reporter s’arrêteront là.

Pour autant, le charme de Tintin et les Oranges bleues provient en partie de ses imperfections, où le mouvement et la couleur importent finalement plus que le scénario proprement dit : la longue course-poursuite qui régit la narration devient dès lors la note d’intention du film assumant son statut d’objet purement visuel. Les maquillages – qui représentaient cinq heures de travail quotidien pour le responsable Charly Koubesserian – font illusion et les acteurs sont habités dans leur rôle avec un Jean-Pierre Talbot toujours aussi vif et énergique en Tintin, un Félix Fernandez qui joue un professeur Tournesol avec malice et des Dupondt délicieusement maladroits.
En 2018, les deux films live de Tintin ont fait l’objet d’une restauration numérique, preuve qu’en dépit de leur caractère modeste, ils ont su se faire une place dans la culture populaire tant ils incarnent une certaine idée du divertissement des années 1960 : candide, empreint d’un charme naïf et dénué de cynisme.

Doublage
Voix françaises :
Alfred PasqualiProfesseur Tournesol
Micheline DaxBianca Castafiore
Serge NadaudProfesseur Zalaméa
Marcel Daliol'émir
Georges HubertDon Lope
Acteurs & Actrices
Jean-Pierre TalbotTintin
Jean BouiseCapitaine Haddock
Félix FernandezProfesseur Tournesol
Jenny OrléansBianca Castafiore
Angel AlvarezProfesseur Zalaméa
Max ElloyNestor
Franky FrançoisDupond
André MariéDupont
Pedro-Maria SanchezPablito
Salvador BegueriaFrancesito
Barta Barril'émir
Jesus TordesillasDon Lope
José SazatornilFernando
Auteur : Klaark
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Tintin et les Oranges bleues © André Barret, Hergé / Alliance de Production Cinématographique, Procusa
Fiche publiée le 29 octobre 2025 - Lue 140 fois