Synopsis
Sur les côtes méditerranéennes, lors d’un dîner aux chandelles, Fujiko révèle à Lupin qu’elle a dérobée des documents qui mèneraient au fabuleux trésor de Christophe Colomb. En effet, pendant son voyage aux Amériques, le célèbre explorateur aurait amassé une quantité considérable d’or, de diamants et d’artefacts, parmi lesquels ce qu’on appelle L’Oeuf de Colomb.
Mais ils se font attaquer par Nazarov, un tueur lubrique et ricanant. Fujiko n’a d’autre choix que de brûler les précieux documents, assurant à Lupin qu’elle en a conservée le contenu dans sa mémoire. Mais lors de la poursuite, elle est blessée et laissée pour morte. Elle est recueillie par Rosalia, une chasseuse de trésor à la recherche de l’Oeuf.
C’est donc une organisation criminelle aux mystérieuses ambitions technologiques qui est aux trousses de Fujiko afin de découvrir l’emplacement du trésor...mais lors de l’accident, elle est devenue parfaitement amnésique, ne se rappelant plus rien de son passé et adoptant une attitude douce et passive, bien loin de son caractère habituellement oisif et téméraire.
Avec l’aide de ses comparses et de Rosalia, notre héros n’a pas l’intention de laisser entre les mains de ces bandits son plus précieux trésor : Fujiko…
Commentaires
Le onzième téléfilm annuel de la licence Lupin III / Edgar, le Détective Cambrioleur est aussi la dernière œuvre à avoir été produite au vingtième siècle (ce qui fait d’ailleurs l’objet d’un gag lors d’une réplique de l’inspecteur Zenigata).
Le précédent téléfilm, Tokyo Crisis, avait cartonné auprès des téléspectateurs japonais grâce à son scénario qui mettait en avant le personnage de Zenigata, devenant ainsi le second record d’audience après Moeyo Zantetsuken / Le Dragon Maudit. Sans doute pour essayer de répéter ce succès, TMS et Nippon TV firent appel au même scénariste, Shinzô Fujita, qui reprendra les mêmes recettes : le téléfilm se focalisera sur un autre personnage récurrent de la saga, à savoir Fujiko, qui sera impliqué émotionnellement dans l’histoire. On peut presque dire que l’équipe a anticipée le projet futur de Takeshi Koike, qui réalisera plusieurs films et une série dérivée accordés aux personnages secondaires de la franchise.
Le récit proposé ici, s’il débute de façon parfaitement gaguesque et débridée, ce sera pour mieux verser dans le dramatique avec une dernière partie très forte émotionnellement, le trésor recherché n’étant qu’un prétexte pour développer les protagonistes.
L’amnésie de Fujiko nous permet de découvrir sa personnalité réelle, masquée par une apparente frivolité : au fond d’elle, elle est vulnérable, attentionnée et aimante. C’est sans doute pour ne pas montrer ses faiblesses qu’elle se cache derrière un tempérament dur, particulièrement envers Lupin, dont la relation avec celui-ci est explorée de fond en comble, notre héros se montrant ainsi moins sauvage et protecteur à l’égard de sa bien-aimée.
On montre également Jigen et Goemon sous un jour plus humoristique qu’à l’accoutumé, tandis que les personnages secondaires sont plutôt originaux, comme Rosalia et son histoire tragique, le chef de l’organisation, Burton, qui est un pastiche de Ernst Stavro Blofeld, la Némésis de James Bond (caressant lui aussi un chat lors de l'exposition de ses plans), ainsi que Nazarov dont la truculence renvoi au réalisateur même de ce téléfilm, Shin’Ichi Watanabe, grand fan de Lupin III devant l’éternel au point de s’habiller comme lui dans la vie de tout les jours et qui aime s’auto-parodier dans les œuvres qu’il met en scène (doublant son propre alter-ego animé, Nabeshin).
En effet, rarement un téléfilm dérivé de la saga n’aura à ce point porté la patte de son réalisateur depuis Osamu Dezaki. On reconnaît parfaitement le style de mise en scène de Shin'Ichi Watanabe qui fera le sel de la série Excel Saga, comme les arrêts sur image pour souligner un gag et surtout la rapidité des mouvements des personnages, obtenue en accélérant l’animation. A ce titre, la dernière scène d’action est remarquable. Ajoutons à cela une direction artistique soignée et qu'il faut saluer le travail effectué sur la lumière.
Comme dans d'autres téléfilms de la licence, Yuji Ohno, le compositeur attitré de la série, fait une apparition clin-d’œil dans le rôle d'un pianiste.
Grâce à son scénario ambivalent, son approche des personnages sortant des sentiers battus et sa réalisation très efficace, Ai no da capo - Fujiko's Unlucky Days fit d’excellentes audiences lors de sa diffusion et se classe parmi les bons téléfilms de la saga, concluant les années 90 sur une note heureuse et se préparant à embrasser un vingt-et-unième siècle tumultueux.
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