Moby Dick

Par une froide soirée de décembre, Ismaël, un marin, décide de s’arrêter dans une auberge pour se restaurer. Là, il rencontre Queequeg, un harponneur cannibale venu de Polynésie, à qui il confie vouloir s’embarquer dans un bateau pour partir à la chasse à la baleine. Queequeg lui donne rendez-vous le lendemain matin sur le port pour trouver le bateau qu’il lui faut et Ismaël choisit le Pequod parce qu’il lui paraît suffisamment robuste pour une telle expédition. Le Pequod est commandé par le capitaine Achab, un unijambiste qui a un caractère très spécial. En effet, on ne le voit que la nuit et il n'a qu’un seul sujet de conversation : une baleine blanche appelée Moby Dick, qui est son obsession depuis des années. Cette baleine qu’aucun marin n’a réussi à tuer est celle à qui le capitaine Achab doit d’avoir perdu sa jambe. Le but du capitaine Achab n’est donc pas de tuer des baleines pour en vivre mais d’obtenir une vengeance contre Moby Dick, ce qui ne plait guère à certains marins comme Starbuck qui ne sont pas venus assouvir une vengeance mais tirer profit de la chasse à la baleine.

Réussir à tuer cette baleine s’avère particulièrement compliqué, même pour Queequeg, qui est pourtant un harponneur hors-pair (il a par exemple réussi à tuer une pieuvre géante). De plus, traquer cette baleine s’avère être une entreprise particulièrement longue et pénible. Cette quête finit par lasser Starbuck et d’autres marins qui tentent une mutinerie pour convaincre le capitaine d’arrêter son obsession. Le capitaine stoppe la rébellion en promettant de l’or au marin qui réussira à retrouver la trace de Moby Dick. Mais bientôt la foudre s’abat sur le bateau et le fragilise, ce qui ne convainc toujours pas le capitaine Achab de renoncer à son projet insensé.
Dans le même temps, Queequeg tombe très malade et passe près de la mort. Heureusement, son compagnon Ismaël reste à ses côtés nuit et jour pour le soigner. Queequeg est finalement remis sur pied à temps lorsque Moby Dick se retrouve à proximité du Pequod. Le combat reprend mais il s’avère dantesque tant la baleine est redoutable. Le Pequod finit même par sombrer mais Moby Dick perd la vie peu après. Le capitaine Achab aussi, lorsqu’il s’étrangle accidentellement avec une corde destinée à attraper la baleine. Ismaël est porté disparu suite au naufrage du Pequod. Ironiquement, il réussit à se raccrocher au cercueil qui aurait dû servir pour Queequeg s’il n’avait pas survécu et, quelques jours plus tard, il est retrouvé et secouru.

Moby Dick est un roman de l'écrivain américain Herman Melville paru en 1851 aux Etats-Unis et seulement 90 ans plus tard en France, en 1941. Il faut dire qu'à sa sortie le livre a été un échec commercial et critique et n’était plus publié lorsque son auteur est mort. Le roman sera progressivement réhabilité après le décès de celui-ci, au point d’être considéré au 20ème siècle comme l’un des plus grands livres de la littérature américaine. Herman Melville s’est inspiré de sa propre expérience en tant que marin sur des baleiniers mais aussi d’un gigantesque cachalot blanc surnommé Mocha Dick qui avait la réputation d’être impossible à tuer.
Outre un aspect très réaliste dans la description de la vie des marins et de la chasse à la baleine, le roman regorge de symbolisme religieux. Ainsi, la lutte entre Achab et Moby Dick symbolise par exemple le combat du bien contre le mal. Herman Melville s'est d’ailleurs inspiré de la Bible pour ses personnages : Ismaël a le même nom que le premier fils d'Abraham et Achab porte le même patronyme qu’un roi d'Israël. Moby Dick fait lui-même penser au Léviathan, un monstre biblique aquatique. Malgré cette présence du religieux, on retrouve en filigrane d’autres thèmes extrêmement modernes pour l’époque. Par exemple, Ismaël et Queepeg sont des amis intimes et on retrouve plusieurs scènes ambiguës entre eux (ils dorment parfois dans le même lit et Queepeg déclare dans une scène être marié à Ismaël !), mais rien toutefois d’assez concret pour confirmer l’homosexualité des personnages (sujet totalement tabou à l’époque de la parution du roman). L’écologie est également abordée de manière lointaine, puisque l’auteur semble anticiper les conséquences que pourrait avoir la pêche intensive sur les espèces maritimes, même s’il ne va pas jusqu’à condamner cette pratique. Mais tout de même, une telle réflexion était excessivement rare à l’époque, ce qui prouve qu’Herman Melville était en avance sur son temps, expliquant peut-être le succès tardif de son roman.

L’adaptation animée australienne dont il est question dans cette fiche s’avère très classique, voire académique mais fidèle au roman contrairement au dessin animé américain de 1967 et au dessin animé français de 2004. Sa courte durée oblige hélas les scénaristes à resserrer l’intrigue au maximum, si bien que certains moments manquent d’émotion. Le domaine de l’animation semble en tout cas avoir été inspiré par cette histoire car on retrouve d’autres adaptations comme le film danois Le Secret de Moby Dick (Samson og Sally) en 1984, ou l’adaptation japonaise futuriste en 26 épisodes Hakugei Densetsu en 1997. Un épisode de la série Mister Magoo lui a même été dédiée en 1964.
Les adaptations live ne sont pas en reste puisqu’on dénombre une bonne dizaine de films, la plus connue étant celle de 1956 réalisée par John Huston avec Gregory Peck dans le rôle du capitaine Achab et Orson Welles dans le second rôle de Mapple. Il existe aussi une mini-série de 1998 en 3 épisodes produite pour la télévision par Francis Ford Coppola et dans laquelle on retrouve encore Gregory Peck mais cette fois-ci sur le rôle de Mapple (le rôle d’Achab ayant été confié à Patrick Stewart).